A partir d’aujourd’hui, le Sea-Watch 3 bât pavillon allemand. En conséquence, le navire ne navigue plus sous pavillon Hollandais et attends d’être autorisé à quitter le port de Sicile ou il est actuellement à quai. Sea-Watch est contraint d’effectuer ce changement parce qu’il n’est pas certain que les Pays-Bas, en tant qu’État pavillonnaire, en font assez pour que Sea-Watch 3 reste opérationnel.
En effet, en vertu du droit international, les Pays-Bas, comme tout Etat pavillonnaire, ont en partie la responsabilité de veiller à ce que leurs navires puissent débarquer dans un port sûr dès que possible après une opération de sauvetage. Dans les faits, chaque fois que Sea-Watch 3 a fait appel à eux, les Pays-Bas n’ont pas assumé leurs responsabilités, cédant la place à des tentatives politiques visant à empêcher les personnes secourues par le Sea-Watch 3 de débarquer en Europe. Tant en matière de politique migratoire que dans son interaction directe avec Sea-Watch, le bureau Hollandais n’a cessé de faire preuve d’agressivité à l’égard des personnes en migration et de ceux qui sont solidaires avec elles.
Sea-Watch est déçu du déroulement des événements, mais n’est pas surpris. Bien que les autorités italiennes empêchent actuellement le Sea-Watch 3 de naviguer sans apparente justification légale, le gouvernement hollandais ne fait rien pour obtenir la libération du navire. Nous attendons le verdict d’un tribunal italien dans les prochaines semaines au sujet de la saisie illégale actuelle du navire.
En 2019, le ministre hollandais de l’Infrastructure et de la Gestion de l’eau, Van Nieuwenhuizen, a introduit une nouvelle réglementation en matière de sécurité des navires, ciblant directement Sea-Watch. Les informations obtenues grâce à la loi sur la liberté de l’information ont montrées que le gouvernement hollandais cherchait des moyens de limiter le débarquement des personnes secourues par les navires des ONG. Il est clair, grâce aux documents rendus publics, que l’État ne se préoccupe pas de la sécurité à bord des navires hollandais, mais du contrôle des flux migratoires.
Deux tribunaux hollandais distincts ont déclarés que le ministre avait violé les règles de bonne gouvernance et que l’urgence de la mise en œuvre de la politique ne primait pas sur les conséquences possibles : les personnes se noyant en mer Méditerranée.
Bien que les Pays-Bas prétendent toujours adhérer à une politique de « bras ouvert », introduite en 1989 pour faciliter la navigation des navires des ONG sous pavillon hollandais, et malgré un appel lancé récemment par le ministre Van Nieuwenhuizen aux armateurs pour qu’ils inscrivent leurs navires sur le registre hollandais, il est clair pour Sea-Watch que travailler dans ce climat politique est impossible.
A la lumière de ces manquements graves de l’Etat Hollandais, il est impossible pour le Sea-Watch 3 de continuer à naviguer sous son pavillon. Nous nous réjouissons de la perspective d’une relation riche dans laquelle le gouvernement Allemand assumera pleinement ses responsabilités en tant que nouvel État pavillonnaire, sans ingérence politique. Nous espérons bientôt pouvoir naviguer à nouveau pour surveiller les conséquences de la politique migratoire meurtrière de l’Europe en Méditerranée et, le cas échéant, porter secours aux personnes en détresse.
Bien que le Sea-Watch 3 ne navigue plus sous pavillon hollandais, les volontaires hollandais qui l’accompagnent continueront de demander aux Pays-Bas de rendre des comptes sur leur rôle et leur responsabilité dans la frontière la plus meurtrière du monde : la mer Méditerranée.