FAQ – Foire aux questions

La mer Méditerranée est la frontière la plus meurtrière au monde.1 Sea-Watch a été créée fin 2014 à l’initiative de quatre familles de Brandebourg, en Allemagne, qui ne voulaient plus rester les bras croisés et regarder les décès en masse à la frontière sud de l’Europe. Depuis, près de 500 volontaires du monde entier ont rejoint Sea-Watch. L’organisation est devenue une organisation professionnelle et internationale de sauvetage maritime et de défense des Droits de l’Homme.
Toutefois, l’objectif de Sea-Watch reste de devenir redondant: nous ne défendons pas uniquement l’aide humanitaire d’urgence, nous travaillons également à la demande politique d’un #SafePassage – des itinéraires sûrs et légaux vers l’Europe. Sans cela, il ne peut y avoir de solution à l’actuelle situation d’urgence en Méditerranée.

Sea-Watch e.V. est une association créée en 2015 en Allemagne et est reconnue d’utilité publique. Nos équipes travaillent sur une base volontaire. En raison de la taille du navire, les postes de capitaine et d’ingénieur ne peuvent plus être pourvus par des volontaires. Nous avons besoin de personnel naval fiable, qui connaît très bien les machines et le navire et peuvent assurer une certaine continuité. Les autres membres de l’équipage et la plupart des personnes travaillant pour Sea-Watch sur terre et dans les airs le font sans rémunération. Nos missions sont financées à 100% par des dons de particuliers et de petites entreprises. L’Église protestante d’Allemagne soutient notre projet de reconnaissance aérienne, l’opération #Moonbird.
Nous ne divulguons pas nos donateurs, car cela nous est interdit par la loi sur la protection des données. Vous trouverez toutefois un aperçu complet et transparent de notre financement et de nos activités dans notre rapport annuel, qui est disponible au public.

Nous ne recevons pas d’argent des personnes secourues ou de toute autre partie active en Méditerranée, et nous n’accepterons jamais de le faire. Nous n’obtenons aucun gain financier en échange du sauvetage des personnes et nous n’accepterons jamais de le faire. Nous sommes une organisation humanitaire dont le mandat est à but non lucratif, ce qui signifie que l’impératif humanitaire est notre seule motivation et qu’il est le centre de nos propres dépenses. Comme expliqué ci-dessus, nos revenus proviennent de dons de particuliers, d’entreprises et d’organisations soutenant le sauvetage civil. Nous n’avons jamais reçu de financement institutionnel de gouvernements.
Sur une base continue, nous examinons les dons entrants et potentiels en fonction des principes de collecte de fonds éthique. Cela nous permet de refuser un soutien monétaire de toute source qui ne correspond pas à notre statut civil et humanitaire et/ ou qui serait contraire à l’éthique de recevoir un soutien.
En revanche, les soi-disant garde-côtes libyens, qui reçoivent un soutien financier et matériel de l’Union européenne et sont formés par celle-ci, bénéficient d’un financement institutionnel en échange d’intercepter des personnes en détresse en mer et de les refouler illégalement en Libye. Les milices de la guerre civile en Libye, les agences de sécurité aux frontières européennes et des gouvernements illégitimes ou autoritaires collectent des milliards d’euros de formation et de ressources pour empêcher physiquement d’atteindre l’Europe celles et ceux qui fuient un large éventail d’injustices et qui sont à la recherche d’une protection.2
2 Plus d’informations (allemand): https://migration-control.taz.de/
Le Sea-Watch 3 et nos moyens aériens patrouillent dans la zone de recherche et de sauvetage (SAR) de la Méditerranée centrale, au nord de la zone des 24 milles marins au large de la Libye. La traversée maritime entre la Libye et l’Italie est l’une des principales routes empruntées en provenance de l’Afrique du Nord pour rejoindre Europe. Malgré la longue distance qui sépare la Libye de l’Italie, des embarcations de petite taille et non adaptées, comme des canots pneumatiques en caoutchouc, sont utilisées par les personnes migrantes. Tous ceux qui sont forcés de faire cette traversée sont dans une situation d’urgence et mettent leur vie en danger.
Les eaux territoriales, où un État a la pleine souveraineté, s’étendent sur 12 milles marins au large des côtes d’un État. Au-delà de ce zones se trouve la zone dite contiguë jusqu’à 24 milles marins, dans laquelle l’État dispose de certains droits, telles que les poursuites pénales.
Nos opérations de sauvetage ont lieu en dehors des eaux libyennes et, en règle générale, en dehors de cette zone contiguë. En principe, le « droit de passage pacifique » existe également dans les eaux côtières (article 17 de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer), ainsi que l’obligation de prêter assistance (article 98 de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer) à toute personne trouvée en mer en danger de disparaître. Néanmoins, nous évitons la zone libyenne des 24 milles, des attaques contre les navires des ONGs ayant déjà eu lieu à plusieurs reprises, même dans les eaux internationales.
Non. Il est prouvé depuis longtemps qu’il n’y a pas de lien de causalité direct entre la présence d’ONGs de secours (ou de toute autre capacité de secours à cet égard) et les bateaux mis à l’eau en Libye.3 Même en l’absence de moyens/navires de sauvetage, de nombreuses personnes continue de mourir en mer. Inversement, même lorsque des navires de sauvetage opèrent en Méditerranée centrale, le nombre d’arrivées peut diminuer.
Alors que nous étions opérationnels entre décembre 2017 et mai 2018 le nombre d’arrivées en Europe a considérablement diminué, soit environ 75% par rapport à l’année précédente, . Cependant, depuis le blocus de plusieurs ONGs de secours opérant en Méditerranée centrale, associé au retrait des moyens navals de l’opération Sophia, le taux de mortalité des personnes traversant la Méditerranée centrale a considérablement augmenté. En 2018, chaque jour, en moyenne 6 personnes sont mortes en mer.4 Septembre 2018 a été le mois le plus meurtrier jamais enregistré. Ce fut également un mois au cours duquel diverses autorités européennes ont sans justification légale empêché les navires de sauvetage d’ONGs d’être actifs.
Il nʼy a donc pas de corrélation entre le nombre de bateaux de secours et le nombre de bateaux au départ.5 Cependant, davantage de personnes meurent en mer sʼil existait moins de navires de secours.
Le comportement peu scrupuleux des trafiquants est totalement indépendant de notre présence en mer. Les personnes en détresse en mer ne sont souvent pas retrouvées à temps ou du tout. La réduction des capacités de recherche et de sauvetage réduit leurs chances d’être retrouvés en vie. Par conséquent, le retrait des capacités de recherche et de sauvetage ne dissuade pas les passeurs de mettre à l’eau des embarcations (ce point était déjà clair en 2015 alors que plus de 1200 personnes se sont noyées en une semaine dans un cas massif de noyade sans précédent, à la suite duquel l’opération Sophia a été lancée).
La migration, la fuite et le déplacement ne sont pas des phénomènes nouveaux. De nos jours, avec plus de 65 millions de personnes déplacées dans le monde, des personnes fuient les guerres et les persécutions, la pauvreté et le non-respect de Droits de l’Homme. Les gens fuyaient bien avant la fondation de Sea-Watch. En fait, nous avons fondé Sea-Watch en premier lieu précisément parce qu’il y avait des embarcations en détresse, mais pas de navires de secours.
Lorsque les gouvernements européens sont coupables d’avoir laissé des gens se noyer en mer, on ne peut que sʼattendre à ce quʼils en fassent un récit qui détournerait notre attention de leur complicité en ce qui concerne les violations des lois internationales, ainsi que de leur faillite à assumer leurs responsabilités en mer Méditerranée. Les ONGs actives dans la mer Méditerranée sont les seuls témoins de ces violations commises par les États membres européens et la voix la plus solide pour les obliger à rendre des comptes. Il est donc d’autant plus clair que les gouvernements européens doivent mettre fin à leur rhétorique meurtrière et à leurs politiques frontalières mortifères.
Les passagers de ces embarcations ne peuvent pas contrôler le fait que les bateaux ne sont pas en état de naviguer. Ce ne sont pas eux qui achètent ces bateaux; ce sont les trafiquants. Les gens auront souvent peu ou aucun contrôle sur leur traversée ou sur les conditions dans lesquelles ils prennent la mer ou dans lesquelles ils sont détenus. À la merci des passeurs, ils n’auront d’autre choix que de monter dans un canot surpeuplé et pas en état de naviguer.
La plupart des personnes qui s’embarquent dans la traversée n’ont que peu ou pas d’informations sur les dangers et l’impossibilité de facto d’atteindre l’Europe avec leurs embarcations. Par exemple, il leur est dit que les feux de signalisation des plates-formes pétrolières situées à quelques dizaines de milles marins au large des côtes de la Libye leurs sont souvent présentés de manière trompeuse par des passeurs comme des phares d’Europe continentale.
Nous rencontrons aussi des réfugiés qui ont déjà connu un précédent naufrage et ont vu d’autres se noyer. Néanmoins, ils risquent leur vie de nouveau pour fuir la Libye.
Par défaut, toute embarcation pneumatique ou en bois surpeuplé doit être traité comme un cas de détresse en mer. Presque aucun de ces bateaux n’est en état de naviguer, en particulier avec des centaines de personnes à bord mais peu ou pas d’essence, pas de nourriture et trop peu d’eau à bord. Dans la plupart des cas, les personnes ne sont pas équipées de gilets de sauvetage, d’appareils de communication ou de navigation. Même un smartphone, si les passagers en ont, est totalement inutile en mer car les personnes migrantes ne peuvent pas se connecter à une VHF.
Les personnes impuissantes qui sont exposées aux éléments, déshydratés et affaiblis, souffrent souvent de brûlures chimiques après des heures passées dans un mélange d’eau salée, de carburant et de matières fécales. De plus, les passagers des canots pneumatiques risquent constamment de voir éclater les tubes de l’embarcation. Les bateaux en bois ont tendance à chavirer en cas de mer agitée et de nombreuses personnes décèdent par manque d’oxygène lorsqu’elle sont placées dans le pont inférieur.
Sur les canots pneumatiques, ceux assis au milieu (généralement les femmes et les enfants) sont les premiers à subir les conséquences d’une déflation. Bien qu’ils soient placés au milieu pour s’abriter des intempéries et empêcher les chutes à la mer, lorsqu’un pneumatique se dégonfle, ceux du milieu peuvent se faire écraser, s’étouffer, subir des brûlures chimiques ou se noyer.
il est de pratique courante depuis des années et pour de bonnes raisons, de traiter chaque embarcation de ce type avec des réfugiés quittant l’Afrique du Nord comme une détresse en mer, dès qu’ils ont quitté la côte. Cette évaluation est partagée par l’Organisation maritime internationale (OMI), les garde-côtes italiens et toutes les organisations de secours en mer, ainsi que par le tribunal italien de Ragusa dans l’affaire de la confiscation des «Open Arms» du 11 mai 2018.
Nous apprenons un cas de détresse de plusieurs manières. D’une part, nos équipages sont constamment à la recherche d’embarcations en détresse pendant que nous patrouillons dans la zone de recherche et sauvetage (SAR). De plus, nous sommes en contact étroit avec les autorités SAR concernées, telles que le Centre de coordination des opérations de sauvetage en mer d’Italie (IMRCC) à Rome. Lorsque nous recevons des informations sur un bateau en détresse et qu’ils souhaitent que nous intervenions, il nous le communiquent soit par téléphone soit par courrier électronique. Nous recevons également des informations de la part des aéronefs qui patrouillent dans la zone de recherche, en particulier des deux aéronefs civils Moonbird et Colibri, mais également par des avions militaires de reconnaissance aérienne. Parfois, les navires marchands signalent également une détresse. En 2017, dans 60% de nos opérations de sauvetage, nous avons reçu les notifications directement de l’IMRCC. Dans le cas des 40% restants, les informations sur les cas de SAR ont été fournies par d’autres acteurs ou par nous-mêmes.
Lorsque nous découvrons nous-mêmes un bateau en détresse, nous collectons autant d’informations que possible et en informons les autorités. Elles réagissent rapidement et nous ordonnent soit de lancer des opérations de sauvetage, soit elle nous indique qu’elle autre navire va en prendre la responsabilité, par exemple, lorsqu’un autre navire est plus proche de la scène ou que nous participons déjà à un autre sauvetage.
Lorsque nous recevons l’ordre d’effectuer une opération de sauvetage, nous rejoignons rapidement avec le Sea-Watch 3 la position concernée et, en chemin, nous mettons à l’eau nos canots semi-rigides (RHIB). À bord de ces derniers, nous avons suffisamment de gilets de sauvetage pour toutes les personnes en détresse et, si nécessaire, pour acheminer notre équipe médicale. Tout d’abord, nous parlons aux gens pour les calmer, les empêcher de paniquer et de sauter dans l’eau, puis nous distribuons les gilets de sauvetage. Les enfants en bas âge et les personnes blessées ou inconscientes sont d’abord évacuées et rapidement amenées à bord de notre navire, où l’équipe médicale les prend en charge. Dès que toutes les personnes sont équipées de gilets de sauvetage, nous commençons progressivement à les transborder de l’embarcation à notre navire.
Enfin, nous marquons l’épave d’un numéro SAR, de la date, ainsi que de la position du sauvetage, de sorte qu’il est clair qu’il ne s’agit pas d’une autre tragédie, mais d’une opération de sauvetage réussie. Enfin, nous détruisons cette dernière afin de ne pas mettre en danger les autres navires naviguant dans la région.
À bord, notre équipe médicale identifient les personnes blessées, malades, enceintes et autres personnes vulnérables et commencent le traitement dans notre salle de soins. Souvent, les rescapés sont victimes de graves brûlures dues au mélange carburant-eau salée, dans lequel il ont dû passer assis des heures, voire des jours, et beaucoup sont déshydratés et mal nourris. Si nous avons à bord des urgences médicales particulièrement graves que nous ne pouvons pas prendre en charge en mer, les autorités compétentes organisent une évacuation. Chaque personne à bord reçoit un kit d’hygiène et une bouteille d’eau qui peut être remplie à bord. En fonction des conditions météorologiques, nous distribuons des couvertures de survie ou des couvertures chaudes. Nous comptons les personnes et envoyons aux autorités compétentes un rapport détaillé sur le sexe, l’état de santé et les personnes vulnérables tels que les mineurs non accompagnés, afin qu’elles puissent mieux préparer notre arrivée lorsqu’elles nous demandent de conduire nous même les personnes secourus dans un port sûr. Une fois que le port de destination est fixé, nous nous mettons en route – la plupart d’entre eux se trouvent à Lampedusa, en Sicile ou à Malte.
Selon le droit maritime international, les personnes secourues en mer doivent être conduites au lieu sûr le plus proche. Ce lieu de sûr doit remplir diverses conditions, notamment garantir de « subvenir à leurs besoins fondamentaux » et où « la vie ou la sécurité des survivants n’est plus menacé ».6 Nos lieux sûr ont toujours été Malte et l’Italie, qui sont les pays sûr les plus proches lors de sauvetage de personnes en Méditerranée centrale.
Par le passé, le MRCC de Rome coordonnait tous les sauvetages, et nous attribuaient, ainsi que les autres navires, un port sûr dans le sud de l’Italie. Depuis le changement de gouvernement en Italie, les navires de sauvetage ont été initialement retardés et puis dans un second temps plus aucun port n’a été attribué. L’entrée dans les ports italiens n’est donc presque plus possible pour les navire de sauvetage.
Récemment, le manque d’empressement des États à subvenir à leur devoir de fournir aux personnes sauvées en mer un port sûr a conduit à des situations de blocages exceptionnellement longs des navires de sauvetage (d’ONG) transportant des rescapé.es à bord. Ils ont été maintenus en mer pendant des durée déraisonnable pendant que les États membres de l’UE négocient des accords de distribution ad hoc avant d’attribuer un port de débarquement, par exemple dans les cas de l’Aquarius (8 jours) et de Lifeline (6 jours) en juin 2018, du navire de garde-côtes italien Diciotti (6 jours) en août 2018 et du Sea-Watch 3 (19 jours en décembre 2018 / janvier 2019 et 10 jours en janvier et février 2019).
Dans des cas exceptionnels, des navires ont pu faire escale dans des ports espagnols. Le voyage de plusieurs jours, dû à la distance, s’effectuaient au coût de souffrances importantes pour les personnes secourus et l’équipage tout en ajoutant des conditions de navigation dangereuse. Le bien-être des personnes dans le besoin n’est plus une priorité et une crise humanitaire est considérée comme un risque. Plus de jours en dehors de la zone de recherche signifient plus de décès potentiellement évitables.
6 SAR Convention of 1979, Annex, Chapter 1, 1.3.2. & IMO Resolution MSC.167(78)8
Les personnes secourus en mer doivent être amenées dans le lieu sûr le plus proche, défini comme «un lieu où la sécurité de la vie des survivants n’est plus menacée et où leurs besoins humains fondamentaux (tels que la nourriture, le logement et les soins médicaux) ) peut être satisfait. »7 Ce n’est pas le capitaine qui décide quel lieu sûr est applicable, mais les autorités de coordination de l’assistance en matière de sauvetage en mer responsables de la zone SAR concernée.
Alors, pourquoi le centre de coordination des secours compétent ne nous envoie-t-il pas en Tunisie? La lecture du rapport d’Amnesty International8 montre bien pourquoi les conditions en Tunisie ne sont pas considérées comme favorables à la satisfaction des besoins et des droits fondamentaux de l’homme. Premièrement, il n’y a pas de procédure d’asile équitable en Tunisie. Amener les personnes qui recherchent une protection internationale en Tunisie ne garantirait donc pas leurs droits dans le cadre d’une procédure d’asile. En outre, les conditions dans lesquelles les personnes emmenées en Tunisie seraient maintenues et traité suscitent de vives inquiétudes. Par exemple, dans les prisons gérées par le gouvernement, on emploierait la soi-disant «méthode de torture au poulet grillé», consistant à tourner les prisonniers pieds et poings liés autour d’un poteau. Les personnes LGBTI ou considérées comme telles sont également menacées en Tunisie.
Ce point de vue est également partagé par la communauté des Etats européens. C’est pourquoi Frontex, la Bundeswehr (forces armées allemandes) et les navires marchands européens n’emmènent pas de personnes sauvées en Tunisie.
Le droit de la mer et les règlements existants de l’OMI sur le traitement des personnes sauvées en mer exigent que, outre l’obligation faite au capitaine d’un navire de porter assistance aux personnes en détresse en mer, les gouvernements membres de l’OMI ont une obligation correspondante «de coordonner et de coopérer afin de décharger le capitaine de la responsabilité de fournir des soins de suivi aux survivants et de conduire les personnes secourus en mer dans un lieu sûr ». Il indique également que les gouvernements et les centres de coordination de sauvetage ont la responsabilité de veiller à ce qu’un navire fournissant une assistance «ne soit pas soumis à des retards indus, à une charge financière ou à d’autres difficultés connexes après avoir assisté des personnes en mer; par conséquent, les États côtiers devraient libérer le navire dès que possible. »9
Il est clair que Sea-Watch et toutes les autres parties avec lesquelles elle collabore aux activités de recherche et de sauvetage sont tenues par ces lois et réglementations internationales pour amener les survivants dans un lieu sûr. Un sauvetage n’est pas terminé tant que les personnes ne sont pas dans un lieu sûr.
Par conséquent, à Sea-Watch, nous ne nous soucions pas vraiment de quel port, tant qu’il est sûr. En même temps, nous ne pouvons pas nous permettre de traverser l’Atlantique à destination de Hambourg à chaque fois que nous sauvons des personnes, car cela nous retarderai indûment. Beaucoup plus de personnes pourraient se noyer pendant cette période. En outre, il n’existe aucun scénario imaginable dans lequel l’autorité de coordination maritime responsable fournirait Hambourg comme lieu de sécurité le plus proche, alors que son obligation légale est de fournir un lieu sûr situé à proximité et qui ne retarde pas de manière déraisonnable ou inutile. ainsi qu’un fardeau (financier) sur notre navire après un sauvetage. Il sera toujours plus pratique de ramener notre navire à un port sûr dans les États côtiers du sud de l’Europe qu’en Allemagne.
Nous demandons donc un système équitable de redistribution des demandeurs d’asile en Europe, car nous reconnaissons que l’Italie et la Grèce ont été laissées par le reste de l’Europe à supporter depuis trop longtemps la responsabilité de loger et de traiter les nouveaux arrivants en Europe. Ces questions de distribution doivent cependant être discutées à terre et non en mer. S’accorder sur une telle répartition est une tâche pour les états européens. Le règlement de Dublin, qui stipule qu’une demande d’asile ne peut être déposée que dans le pays d’arrivée européen, surcharge les capacités administratives des pays méditerranéens. Son abolition serait un bon premier pas vers une solution européenne juste, coopérative et durable.
En aucune circonstance, nous ne ramenons les personnes sauvées à l’endroit d’où elles fuient, où leur vie et leur liberté sont en danger et où elles se retrouvent dans de prétendus centres de détention dans les pires conditions possibles – souvent jusqu’à ce que suffisamment d’argent leur ait été extorqué pour qu’ils soient remis sur un canot pneumatique et entament leur périple à travers la Méditerranée, mettant leur vie en danger. Outre l’argument éthique fort contre le refoulement de personnes en Libye, il existe également un argument juridique clair; le droit maritime international et le droit international humanitaire stipulent que ces retours sont illégaux.
Le droit maritime international stipule que les personnes sauvées d’une détresse en mer ne sont amenées à terre que dans un «lieu sûr». Ce lieu est défini comme «un lieu où la sécurité de la vie des survivants n’est plus menacée et où leurs besoins fondamentaux (tels que la nourriture, le logement et les soins médicaux) peuvent être satisfaits». 10
La Libye est connue pour être un «État défaillant», en particulier depuis le début de la guerre civile. Le ministère fédéral des Affaires étrangères allemand écrit (à compter de mars 2019) qu’en Libye: «La population, les réfugiés étrangers et les migrants sont victimes de criminalité, d’enlèvements, de détentions irrégulières, d’exécutions arbitraires, de tortures et d’oppression de la liberté d’expression du aux manques de droits. ”11
En outre, la Convention de Genève sur les réfugiés stipule clairement qu’ « aucun État contractant ne doit expulser ou renvoyer ( » refouler « ) un réfugié de quelque manière que ce soit aux frontières des territoires où sa vie ou sa liberté serait menacée en raison de sa race, de sa religion, nationalité, appartenance à un groupe social particulier ou opinion politique”.12
« L’interdiction de refoulement est inscrite dans le droit des réfugié, des droit de l’Homme et est explicitement garantie par l’article 33 §1 de la Convention de Genève sur les réfugiés, par l’article 3 de la Convention des Nations unies contre la torture et par l’article 19 §2 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne. , De plus, il découle indirectement de l’article 7 du Pacte civil de l’ONU et de l’article 3 de la CEDH […]. Les Etats membres de la CEDH (Convention européenne des droits de l’homme) sont liés par cette interdiction de refoulement, quel que soit le lieu où la souveraineté d’un État est exercée. Les États contractants doivent donc garantir l’exercice des droits des convention à toutes les personnes qui relèvent de leur pouvoir ou d’un contrôle effectif, même si leur souveraineté n’est pas exercée sur le territoire de l’État, mais à bord de navires à l’étranger ou en haute mer. « 13
Quiconque renvoie des personnes en Libye enfreint le droit international. Dans l’arrêt « Hirsi » de 2012,14 la Cour européenne des droits de l’homme a statué que les navires européens ne devraient pas renvoyer des personnes fuyant la Libye.
Dans le monde, 68,5 millions de personnes sont déplacées. 40 millions d’entre eux sont déplacés à l’intérieur du pays et cherchent refuge dans leur pays d’origine. 25,4 millions sont enregistrés en tant que réfugiés, dont 5,4 millions de Palestiniens sous mandat de l’UNRWA. 3,1 millions de personnes sont demandeurs d’asile.
85% des personnes déplacées trouvent une protection dans les pays en développement. Les plus grands foyers de réfugiés sont la Turquie (3,5 millions), l’Ouganda (1,4 million), le Pakistan (1,4 million) et le Liban (1 million) .15
Filippo Grandi, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, a relativisé cette idée dans un communiqué* sur l’Europe et l’asile: «L’Europe aujourd’hui n’est plus au cœur d’une crise migratoire ou de réfugiés. Le nombre d’arrivées en Méditerranée est à son niveau d’avant 2014 et se rapproche de ses moyennes historiques à long terme. Dans le monde, plus de 9 personnes déplacées sur 10 se trouvent hors de l’Europe, dans leur propre pays ou dans des pays immédiatement voisins: pays essentiellement situés dans les pays du Sud. »16
L’UE compte plus de 510 millions d’habitants. Selon les chiffres officiels du HCR, un total de 139 300 personnes sont arrivées par la Méditerranée en 2018.17, ce qui équivaut à 0,027% de la population actuelle de l’UE, ce qui est loin de la forte densité de population de réfugiés dans des pays comme le Liban, la Jordanie et la Turquie. qui ont pris la plus grande proportion de réfugiés par rapport à leur population.
Nous ne faisons pas de distinction entre les «migrants économiques» et les «réfugiés», car toute personne a le droit d’être secourus en mer. En fait, c’est l’une des premières stipulations du guide de l’OMI sur le traitement des personnes retrouvées en détresse en mer, selon laquelle «les victimes de détresse bénéficient d’une assistance quels que soient leur nationalité, leur statut ou les circonstances dans lesquelles elles ont été découvertes». Cela est également conforme au principe humanitaire fondamental d’impartialité, qui implique de fournir des soins sur la base des besoins, sans discrimination.
La situation en Libye est désespérée. Les gens rapportent qu’au cours des nombreuses étapes de leur périple, ils sont vendus d’un trafiquant à un autre, kidnappés, violés, maltraités et emprisonnés, vendus comme esclaves et exploités. Au moment où ils arrivent sur l’eau, ils fuient principalement les tortures des prisons et les marchés d’esclaves en Libye, même si, au départ, ils ont fui d’autres conditions dans leurs pays d’origine.
Le statut de réfugié est reconnu au cours d’une procédure d’asile soumise à des critères clairement définis. Une telle procédure a lieu après le sauvetage, à terre. Cependant, dans la pratique, la distinction entre «migrants économiques» et «réfugiés» est difficile à établir, étant donné qu’un même individu peut avoir besoin des deux d’une protection internationale mais aussi de gagner sa vie. La plupart des migrants trans-méditerranéens ont en effet des raisons composées ou mélangées de traverser.18
Nous soulignons la légitimité d’une série de raisons de fuir ou d’émigrer, telles que l’extrême pauvreté, la faim, le manque d’accès aux soins médicaux, la guerre et les conflits violents, la persécution politique et le manque de perspectives. Les «migrants économiques» fuient souvent une politique d’exploitation post-coloniale créée par les États occidentaux. Le désir de prendre la responsabilité de façonner sa propre vie et de se créer des perspectives ou des opportunités est légitime.
Non, nous ne faisons que réagir aux conséquences de la fermeture des frontières et du manque de voies d’accès sûres et légales. Les grandes difficultés dans leurs pays d’origine forcent les gens à se retrouver entre les mains de passeurs. Ceux-ci bénéficient de la situation désespérée de la population, indépendante des opérations de sauvetage en haute mer. Ou, comme le dit le journaliste italien Gabriele Del Grande, citant les lois du marché: «Le premier est que la demande génère de l’offre. La seconde est que l’interdiction soutient les mafias. En d’autres termes, tant que quelqu’un sera prêt à payer pour aller d’Afrique en Europe, quelqu’un lui offrira la possibilité de le faire. Et si les compagnies aériennes ne le font pas, la contrebande le fera. »
Seules des voies d’accès légales ou des améliorations à long terme dans les pays d’origine peuvent mettre fin à la traite des êtres humains. Parce que ces améliorations à long terme sont pas en vue, nous nous battons pour la mise en place immédiate de voies d’accès légales afin de mettre définitivement un terme aux souffrances des personnes en détresse en mer, ainsi qu’à la traite des êtres humains.
Nous n’avons jamais eu de contacts avec les réseaux de passeurs en Libye ou ailleurs. Nous ne travaillons pas avec eux. Leurs actions placent directement les personnes dans les conditions mêmes dont nous tentons de les sauver.
La traite et le trafic d’êtres humains sont un symptôme de la fermeture des frontières. Donner aux réfugiés la possibilité de fuir de manière sûre et légale et de demander l’asile est le moyen le plus efficace de lutter contre la traite des êtres humains.
Pourtant, l’accusation de « passeur » persiste, pour la simple raison qu’elle s’inscrit parfaitement dans la politique plus générale de répression des ONG de sauvetage et de récit de la criminalisation des acteurs humanitaires, étant donné que ce sont ces acteurs qui constituent le dernier mais immuable obstacle entre L’Europe et son retrait complet de la responsabilité de la recherche et du sauvetage en Méditerranée. Des enquêtes contre des ONG de sauvetage pour leur implication présumée avec des passeurs ont déjà été menées. Aucune des allégations à cet égard contre une ONG de sauvetage en mer n’a été prouvée.
Cependant, il est notoire que les milices de la « Garde côtière libyenne », financée par l’UE, sont étroitement liées au réseau de passeurs. Le 7 juin 2018, le Conseil de sécurité des Nations Unies a réitéré cette affirmation en imposant des sanctions aux principaux membres des soi-disant garde-côtes libyens.
Dans l’immédiat, les ports européens doivent être rouverts aux navires de sauvetage en mer et la criminalisation des ONG doit cesser. La totalité des capacités de sauvetage de l’Union européenne dirigées par l’État doit également revenir dans la zone SAR de la Méditerranée centrale pour veiller à ce que les personnes ne se noient pas inutilement en mer lorsqu’elles cherchent la sécurité. quelque chose que l’Europe et ses institutions ont la pleine capacité de réaliser. Les États côtiers européens, y compris l’Italie, doivent reprendre leur coordination en matière de sauvetage maritime et leurs obligations légales à l’égard des personnes en détresse en mer.
Les fermetures de ports des États côtiers européens ne doivent pas servir de levier à une solution européenne.
En outre, l’Union européenne doit cesser de transférer la responsabilité de la coordination du sauvetage en mer et, par extension, de la politique européenne de contrôle des frontières, à la soi-disant garde-côte libyenne. Il doit mettre fin au soutien matériel, à la formation et à la légitimation de cette entité qui assure le rapatriement illégal de personnes en Europe par la Libye.
Plus généralement, les campagnes électorales et les négociations politiques ne doivent pas être menées aux dépens des personnes en quête de protection, ce qui entraîne la noyade de centaines de personnes en mer. Les pays méditerranéens tels que l’Italie, Malte et la Grèce ne doivent pas être laissés seuls pour offrir la protection des personnes. Le règlement Dublin III empêche en effet une répartition équitable des demandeurs d’asile et transfère la responsabilité au sud de l’Europe, car les citoyens ne peuvent pas demander l’asile dans d’autres pays européens et doit donc être dissous.
Nous appelons à une solution paneuropéenne basée sur la solidarité, l’autodétermination et des voies d’accès sûres et légales. C’est le seul moyen de mettre fin à la mort aux frontières extérieures de l’Europe.
Le sauvetage en mer n’est pas une solution à tous les problèmes du monde. Ce n’est même pas une solution pour les personnes qui se noient, car notre capacité limitée de recherche et de sauvetage ne peut jamais garantir le sauvetage de tous ceux qui traversent en Méditerranée centrale. Nous fournissons une aide d’urgence et faisons de notre mieux pour mettre fin aux morts en mer. Ce qu’il faut, ce sont des moyens sûrs et légaux pour que les citoyens recherchent une protection en Europe. Dans le même temps, des voies d’accès sûres ne remplacent jamais la nécessité de s’attaquer aux « causes de la fuite », c’est-à-dire de créer des conditions de vie dans le monde où chacun peut vivre en toute sécurité, où que ce soit.
Oui, ce serait une très bonne chose. C’est l’une de nos première revendication: créer des voies d’accès légales. Les itinéraires légaux vers l’Europe sont également le recours le plus efficace contre les passeurs. Personne ne passerai par les mains des criminels lorsqu’il y aurait une option plus sûre et moins chère. Malheureusement, ces voies légales n’existent pas: les demandes d’asile ou la reconnaissance du statut de réfugié ne peuvent être déposées que sur le territoire nationale, pas dans les ambassades ni dans les consulats à l’étranger. Il n’y a pas non plus de visas pour la migration humanitaire. Il reste des visas, par exemple les visas touristiques. Cependant, cela est associé à des exigences financières et temporelles élevées que les personnes ne peuvent souvent pas satisfaire dans des situations d’urgence grave. Outre les efforts bureaucratiques nécessaires pour obtenir un visa: lorsqu’un pays sombre dans la guerre et le chaos, les autorités ne travaillent plus de manière fiable. Et même une demande de visa coûteuse et fastidieuse peut être rejetée. De plus, s’il existe une persécution gouvernementale, il est déraisonnable de se tourner vers le persécuteur et de lui demander un permis de sortie.

Frontex est l’Agence européenne des frontières, dont la tâche est de coordonner les opérations aux frontières extérieures de l’UE. L’objectif principal de Frontex est de lutter contre l’immigration clandestine par les frontières extérieures de l’UE.5 Bien que l’objectif déclaré soit également de soutenir les missions SAR, Frontex ne participe pas activement au sauvetage des naufragés en Méditerranée.

Le Conseil des ministres de l’UE a lancé l’opération militaire EUNAVFOR MED (Forces navales de l’Union européenne) en octobre 2015. La mission principale est la lutte contre les réseaux de passeurs criminelle au large des côtes libyennes. En juin 2016, le mandat a été renouvelé et une formation des soi-disant garde-côtes libyennes et un soutien à l’embargo sur les armes imposé par l’ONU dans les eaux internationales au large des côtes libyennes ont été ajoutés.6 Ainsi, la mission EUNAVFOR MED n’est pas une opération de sauvetage en mer comme celle de Mare Nostrum7.
La Sea-Watch3 est enregistrée aux Pays-Bas en tant qu ’ « embarcation de plaisance » ou « yacht de plaisance », un nom alternatif qui peut être utilisé indifféremment. Aux Pays-Bas, l’État du pavillon du navire, il existe deux méthodes pour immatriculer un navire: en tant que navire de commerce (par exemple un ferry, un cargo, un navire-citerne, un navire de passagers) ou une embarcation de plaisance. Un navire peut simplement être l’un ou l’autre, et comme Sea-Watch3 n’est pas un navire de commerce, il est immatriculé comme une embarcation de plaisance.
Cet enregistrement ne dit rien sur l’utilisation du navire dans la mesure où il doit être non commercial. Sea-Watch est une organisation à but non lucratif qui exploite Sea-Watch 3 de manière non commerciale. De nombreuses autres ONG qui exploitent des navires, telles que Greenpeace ou Sea-Shepherd, ont également immatriculé leurs navires comme embarcations de plaisance aux Pays-Bas avec le soutien des autorités locales. La raison principale est qu’il n’y a pas de restriction de taille pour l’enregistrement non commercial. En théorie, il existe d’autres enregistrements spéciaux, tels que ceux dont bénéficient les navires SAR allemands de la DGzRS, mais ceux-ci ne peuvent être obtenus que sur autorisation de l’État.
Nous nous réjouissons toujours de vos dons qui participe à sauver des vies en Méditerranée. Outre l’aide matérielle, l’aide organisationnelle est également la bienvenue – par exemple, dans notre camp de base, ou en terme de communication. Une autre grande aide est la diffusion des valeurs de « Sea-Watch » dans vos cercles d’amis et des connaissances. Vous pouvez demander ici du matériel d’information pour conférences, concerts, événements créatifs !